Lee Do-Woo : une déception douce-amère
L’odeur des clémentines grillées — Lee Do-Woo
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Résumé
Haewon quitte Séoul, épuisée par un quotidien sans saveur, pour revenir dans le village de montagne où elle a grandi. Là, elle retrouve Eun-Seop, un ancien camarade devenu libraire, dont la présence discrète semble lui offrir un havre fragile. Dans ce décor apaisé, les silences s’installent, les souvenirs remontent, et les blessures d’hier affleurent. Alors qu’elle tente de panser son burn-out et de se réconcilier avec elle-même, Haewon découvre que le calme apparent dissimule des secrets enfouis, des émotions inavouées, et des solitudes partagées.
Les personnages
Haewon, c’est la lassitude d’une génération perdue entre quête de sens et épuisement intérieur. Son retour à la terre natale résonne comme une tentative de renaissance, mais aussi comme un aveu de fragilité. Face à elle, Eun-Seop, libraire taciturne, cache derrière ses mots rares une bienveillance maladroite. Ses pensées, consignées dans un blog, ouvrent une fenêtre sur son âme mais finissent par briser le charme d’un récit déjà suspendu dans la lenteur. Autour d’eux gravitent des figures secondaires tout en demi-teintes : la tante d’Haewon, pleine de mystère et de pudeur, semble porter en elle le poids d’un non-dit familial, tandis que les habitants du village apportent de subtiles nuances à cette toile hivernale.
Mon avis
J’avoue ne pas savoir sur quel pied danser après cette lecture. Le roman, pourtant auréolé d’une belle réputation, m’a laissée sur une impression de vide et de frustration. Il y a bien sûr la beauté des paysages, cette librairie comme un refuge, et cette atmosphère feutrée où les blessures intérieures se devinent à demi-mots. Mais très vite, la lenteur s’installe, alourdit le récit et finit par diluer l’émotion.
Certaines scènes touchent, d’autres peinent à convaincre. Les confessions d’Eun-Seop, diffusées à travers son blog, m’ont semblé redondantes, presque artificielles. Le fil narratif se perd dans ces apartés, et l’on s’éloigne de ce que le roman aurait pu être : un chant sensible sur la reconstruction. Quant à la tante d’Haewon, son comportement étrange m’a laissée perplexe. Entre dépression, désarroi ou maladie, rien n’est clairement dit, et ce flou finit par créer une gêne plus qu’un mystère.
C’est un roman pudique, oui, mais trop effacé pour m’émouvoir vraiment. L’émotion reste en surface, comme figée par la neige. La fin, d’une sobriété presque glaciale, n’a pas su rallumer la flamme.
Conclusion
Je ressors de cette lecture partagée : séduite par l’intention, mais déçue par l’exécution. L’odeur des clémentines grillées avait tout pour me toucher: un décor propice à l’introspection, des personnages discrets, une sensibilité à fleur de peau, mais le charme n’a pas opéré. Je retiens tout de même cette idée : parfois, la souffrance ne fait pas renoncer, elle apprend à respirer autrement. Peut-être que l’adaptation en drama saura m’émouvoir davantage et révéler ce que les pages ont à peine effleuré.
Tous ceux qui souffrent ne renoncent pas au monde, et tous ceux qui sont encore là ne restent pas parce qu’ils ont moins souffert, mais parce qu’ils ont tenté de vivre malgré tout.

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