Li Hongwei - "Pékin 2050" : Pertinent et glaçant
Mon avis
Dans une société dominée par une technologie de pointe, les humains communiquent désormais par une puce implantée dans leur cerveau. Mais un événement vient troubler cet équilibre artificiel : le prix Nobel de littérature met fin à ses jours. Son ami, Li Pulei, bouleversé, décide de creuser. Il entame alors une enquête longue et périlleuse, qui va peu à peu ébranler ses certitudes et celles du lecteur.
Ce roman questionne la frontière entre progrès et dépossession. Dans un monde qui semble avoir tout rationalisé, qu’en est-il de la pensée libre, de la parole singulière, de la mémoire intime ? L’auteur nous plonge dans une dystopie sophistiquée et effrayante, où la manipulation s’immisce en douceur, jusqu’à devenir indécelable.
Avec une plume lente, parfois lyrique ou teintée de philosophie, Li Hongwei déploie un récit dense et exigeant. Il n’est pas là pour distraire, mais pour nous réveiller. Le roman interroge ce que nous sommes prêts à abandonner au nom du progrès. L’écriture, le langage, l’identité... tout devient vulnérable, négociable.
L’épopée de Li Pulei s’apparente à une quête morale, où l’enjeu n’est pas seulement de savoir, mais de comprendre, et de défendre une forme de vérité menacée. C’est une réflexion profonde sur la liberté de conscience, la solitude du penseur, et les dangers d’un monde trop lisse, trop connecté... trop contrôlé.
Cela dit, mon ressenti est resté en demi-teinte. Si j’ai perçu la portée du propos et compris les enjeux essentiels, je suis restée à distance. Peut-être à cause d’un ton froid, parfois désincarné, ou d’une tension narrative trop diffuse. Quelque chose m’a manqué pour être pleinement emportée. Et c’est peut-être là aussi toute l’ironie du roman : ce monde où tout est uniformisé, jusqu’à l’émotion.
Un récit intellectuellement stimulant, mais qui, à mes yeux, manque de chair. Il reflète avec justesse les craintes d’un avenir aseptisé, où le langage et donc la pensée risque bien d’être standardisé jusqu’à l’effacement.
Comment une personne ordinaire pourrait-elle ne pas mourir ?

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