"Nos ombres, là-bas" de Jean-François Regnier aux Editions Librinova

Résumé

Nos ombres, là-bas | Jean-François Regnier | Librinova
Anne, la soixantaine passée, fait le bilan de sa vie pour finir par s'avouer que, bien qu'ayant assuré sur le plan professionnel, elle a complètement échoué sur ses liens avec ses enfants mais surtout au niveau de son couple. Son mari, Pierre, prend de la distance, change de comportement, se mure dans son silence, et se met à écrire un livre.
Les absences de Pierre finissent par miner le quotidien d'Anne qui choisit de le filer.
De découvertes en déconvenues, sous l’œil inquisiteur d'un voisin, une descente aux enfers commence.
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Jean-François Regnier - "Nos ombres, là-bas" : Grave et révélateur

Mon Avis

Anne a la soixantaine lorsqu'elle se retrouve seule dans une routine avec son mari, une routine qui les éloigne l'un de l'autre. Mais quand ce dernier adopte un comportement hostile et feint de l'ignorer, elle cherche à percer la carapace dans laquelle il s'est enfermé, entamant un long processus de questionnements... Mais qu'adviendra-t-il d'eux après la tourmente, et pourront-ils la dépasser ?

C'est un récit intime où s'invite l'érosion du couple et le poids des secrets. On suit Anne avec beaucoup de fébrilité et on ressent pour elle, au fil des pages et de ses émotions malmenées, une discrète mais néanmoins prégnante compassion.

Elle exprime à travers son histoire les rêves enfouis, l'investissement prolongé, la somme des sacrifices, l'immobilisme, la déception, les regrets. À travers Anne, l'auteur souligne ce qui, dans notre parcours, nous hante, pour nous ramener à l'essentiel.

L'écriture est grave, poignante, avec des constats aussi douloureux qu'amers, mais aussi une prise de conscience génératrice de profonds changements. Il est question de responsabilité, de culpabilité. On évoque les nœuds familiaux, les blessures, les non-dits qui tissent des histoires qui transpirent, et qui se transmettent sans vraiment nous appartenir. On y rencontre des personnages morcelés, des relations complexes, des faux-semblants. On y parle des liens parfois puissants que l'on crée en dehors du noyau familial, mais aussi de ce qui abîme et de ce qui reste.

C'est un roman finalement mature et captivant, d'une lucidité chirurgicale, qui en dit long sur nos parts d'ombre et sur ce que nous décidons d'en faire. J'en ressors encore cueillie et bouleversée...

 

Depuis de nombreuses années, Pierre a choisi le silence comme remède à sa grande tristesse. Mais, comme le dit un proverbe bulgare, le silence irrite le diable.