Ane Riel - "Résine" : Un récit éprouvant
Mon Avis
Chez les Haarder, la tradition de la menuiserie se transmet de père en fils. Jens, résidant avec sa famille sur une presqu'île isolée, a hérité de son père la passion pour les arbres et leur résine aux vertus étonnantes. Éprouvé par les malheurs qui s'abattent sur les siens, Jens, emporté par une folie délirante, est prêt à tout pour les retenir près de lui... Mais jusqu'où cela les mènera-t-il ?
L'auteure nous offre un roman glauque et sombre qui nous saisit dès la première phrase. Le malaise est immédiat, mais comment en est-on arrivé là ?
Après l'annonce choquante du début, les événements se dévoilent lentement à travers la voix de Liv, qui aime son père, est fière de ce qu'il lui transmet, et lui fait confiance. Vivant en osmose avec la nature, entourée d'objets rassemblés de manière hétéroclite, Liv nous dévoile son univers.
Les lettres de la mère transmettent une profonde détresse, révélant le glissement inévitable vers une défaillance parentale dont Liv fait les frais.
"Couper des arbres de Noël, transporter des planches et fabriquer des meubles, ça vous muscle. J'aurais peut-être pu appuyer sur l'oreiller moi aussi, car il disait toujours que j'étais forte pour mon âge. Surtout pour une fille. En réalité, je ne réfléchissais jamais à ce que j'étais. J'étais celle qu'ils voyaient. Et parfois je voyais des choses qu'ils ne voyaient pas."
L'écriture oscille entre détachement et poésie, plongeant le lecteur dans quelque chose de lugubre et de macabre, où les secrets émergent imbibés de grandes souffrances. On ressent de la peine pour Liv, exprimant des sentiments naïfs liés à son jeune âge, tout en faisant face à une gravité solitaire.
La colère monte envers cette mère invisible qui semble abandonner Liv. L'atmosphère nous piège dans cette structure où l'amoncellement trahit le vacillement et les fragilités. Un roman noir, un conte barbare, ce récit explore les profondeurs du délitement humain.
Ce que je retiens
Huis-clos familial, folie, littérature danoise
Remarque
Les lettres de Marie ne dédouanent pas son immobilisme

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