Delphine de Vigan - "Les enfants sont rois" : Un récit pertinent
Mon Avis
Rien ne prédisposait Mélanie Claux youtubeuse et Clara Roussel policière à se rencontrer, si ce n'est la disparition de la petite fille de Mélanie lors d'une partie de cache-cache. Et pourtant, ces deux jeunes femmes, qui ont assisté au tout début de la téléréalité et à la surexposition à travers les réseaux sociaux, vont mener une bataille moderne et critique à l'ère du tout numérique.
A mi-chemin entre l'essai et l'enquête policière, l'auteure nous propose, à travers l'envers du décor de s'immerger dans le succès d'une famille qui vit des réseaux sociaux.
On démontre le côté impudique et voyeur, l'engrenage des vues, le temps consacré toujours plus énergivore, la dissonance entre virtuel et réel, et la confusion qui petit à petit s'installe entre les deux.
J'ai éprouvé de la pitié et de la colère pour Mélanie qui a oublié d'être à l'écoute de ses enfants, sous couvert de contrepartie commerciale.
L'écriture est fluide et agréable avec une chronologie précise et persuasive. Vu de plus près et de l'intérieur, cela semble plus choquant encore que dérangeant, quand on soulève le vide juridique.
"Justement, je voulais t'en parler. Mélanie emploie le mot "partager" à tout bout de champ. Elle dit "je vous partagerai ça tout à l'heure" ou "nous avons plein de super nouvelles à vous partager". Un usage qui vient de l'anglais mondialisé. Or, en français, on partage quelque chose avec quelqu'un."
On parle ici d'instrumentalisation parentale, de dérive insidieuse idéalisée. Les traits sont malheureusement à peine grossis pour une prise de conscience saisissante. On dénonce ici les abus, les paradoxes, les codes absurdes. C'est plus abordé avec froideur qu'avec humour. La position de l'auteure est tranchée et alarmiste sur les répercussions et la banalisation quant au partage de l'image.
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