Une dystopie choc
Après
qu'un virus ait éradiqué la grande majorité des animaux sur Terre, les
hommes exploitent une espèce unique, propre à la consommation.
Il est interdit d'établir des liens avec ces humains d'élevage et
pourtant, un homme qui travaille au sein de ces abattoirs va franchir
l'inimaginable barrière...
Ce roman nous plonge dans la chair, le sang, les viscères sans préambule et sans œillère. L'horreur et le dégoût nous submergent, les choses sont présentées crûment dans un processus mécanique précis.
On se déplace dans un scénario de la mort, les yeux exorbités, la conscience étourdie. C'est visuel, hyperréaliste. On oppose ici un dogmatisme de masse, un enrôlement, à la sensibilité individuelle.
L'écriture est acide et projette sa capacité à nous heurter, nous bousculer. C'est extrêmement dérangeant, persuasif de quelque chose que l'on consent, et qui pourtant n'a pas sa place. C'est disséqué avec un sens accru de justesse.
"Personne ne doit plus les appeler "humains ", car cela reviendrait à leur donner une entité ; on les nomme donc "produit", ou "viande", ou "aliment". Sauf lui, qui voudrait n'avoir à les appeler par aucun nom."
On suit le parcours abîmé d'un homme qui a le sentiment d'avoir tout perdu, et auquel on accroche tous nos espoirs. On veut oublier l'univers clos, caché, les scènes d' une violence insoutenable.
On frôle souvent l'indigestion avec ce roman d'anticipation qui pointe
du doigt l'industrie alimentaire, l'exploitation du vivant.
Un récit dont on ne ressort pas serein : après cette lecture, vous ne verrez plus jamais la viande dans votre assiette, de la même façon !
Virus, cannibalisme, éthique, spécisme
Je ne m'attendais pas à cette fin abjecte et monstrueuse
Agustina Bazterrica est née à Buenos Aires en 1974. Cadavre exquis, son premier roman, a remporté le prestigieux prix Clarín en 2017. (Source : https://editions.flammarion.com/Auteurs/bazterrica-agustina)
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