"Le temps arrêté" de Richard Apté aux Éditions Baker Street
Un roman poignant
Le Temps arrêté
Une femme, à qui les médecins ne donnent plus qu’une semaine à vivre, demande à son fils de lui lire le livre pour lequel il a tout abandonné, douze ans plus tôt. Cette lecture, qui ne tient pas dans quelques jours, va les mener plus loin, reculer les limites, par-delà tous les diagnostics et toutes leurs certitudes. Chapitre après chapitre, les mots retissent les liens défaits, repoussent l’échéance. Mais, est-ce vraiment la fin, ou déjà un peu de temps retrouvé ? |
Alors qu'une femme hospitalisée est à bout de souffle et n'a qu'une semaine à vivre, elle demande à son fils de lui lire l'œuvre de Proust "A la recherche du temps perdu". Se déroule alors un défi avec le temps passé et celui qui nous échappe encore aujourd'hui...
C'est un roman grave, précieux qui gravite autour de la séparation, l'ultime départ. Dans ce lit d'hôpital, tout dit la déchéance, l'urgence d'étreindre et de vivre ses derniers instants.
On est touché ici par la pudeur des sentiments qui ne se disent pas avec leurs mots, mais par des stratagèmes, des artifices consentis. Proust devient pour cette mère et son enfant, le point d'accroche, le rendez-vous qui se joue et s'étire subrepticement.
La lecture instaure un rythme, une présence, une continuité qui ferait défaut en son absence. Leurs bribes à eux, leurs dialogues diffusent l'affection, l'inquiétude, la tendresse. On évoque à travers un rituel sacré le sens, la globalité, la vie, la mort, la spiritualité.
L'écriture est vertueuse, appliquée. On s'y attache et on s'y retient. On traverse ses pages sur le coup de l'émotion, fébriles, sur un fil. Nous voudrions nous aussi suspendre le temps dans sa course folle, prolonger une communion qui s'installe. Proust nous enchante par sa mémoire, sa poésie. Et on se laisse glisser invariablement...
Un récit puissant, intime qui dit le combat autant que le déni. Une expression fine et déliée pour ce premier roman aux parfums aussi subtils qu'indescriptibles !
"Elle dort et je sélectionne, elle se réveille et je reviens en arrière. Et toujours, je lis. Le code nous tient lieu de réalité, fait de cette chambre une alcôve au sein des heures, la matrice d'un pacte qui régit même à présent le temps de son sommeil. C'est elle qui me demande, alors que nous nous enfonçons à l'ombre des jeunes filles en fleur, depuis combien de temps ça a commencé."
L'amour, le temps suspendu, les regrets
Des moments volés derrière la contenance de Proust qui ne diront pourtant pas l'essentiel...
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