
"Mon ombre assassine" d'Estelle Tharreau aux Éditions Taurnada
Estelle Tharreau : Un récit glaçant
Mon ombre assassine - Estelle Tharreau
Estelle Tharreau En attendant son jugement, du fond de sa cellule, Nadège Solignac, une institutrice aimée et estimée, livre sa confession. Celle d'une enfant ignorée, seule avec ses peurs. Celle d'une femme manipulatrice et cynique. Celle d'une tueuse en série froide et méthodique. Un être polymorphe. |
Les crimes en série peuvent-ils être perpétrés par une femme ? Dans la conscience collective, la femme tient le rôle de victime plutôt que d'agresseur. Nadège, institutrice, appréciée de ses pairs, en fait la preuve devant les accusations de meurtre qui lui sont reprochées. Et pourtant...
Ce roman nous fait glisser insidieusement dans quelque chose de trouble et sidérant. On est tout de suite fasciné par le discours de Nadège, la narratrice. On aime entrer dans son esprit complexe, tortueux et pathogène. Avec elle, on suit une sorte de progression qui corrobore et explique les faits.
La personnalité de Nadège est double et inextricable. Simulatrice et manipulatrice, elle exerce sur l'autre un pouvoir d'extrême perversion à l'insu de chacun. Son incroyable maîtrise, son absence d'empathie désarçonne, fait froid dans le dos.
L'écriture d'Estelle Tharreau est percutante et persuasive. Elle nous entraîne avec génie et précision dans les coulisses d'une meurtrière psychopathe dont on ne voudrait pas croiser le chemin. Le profil de Nadège est captivant, chez elle l'art du camouflage et de la séduction est un Art. Les victimes tombent autour d'elle sans qu'elle ne soit jamais inquiétée. Sa perversité nous choque plus qu'elle nous étonne quand on connaît ce qu'elle a enduré. Sa manière de s'adapter, de tirer bénéfice de toute situation, nous questionne, nous scotche au poteau.
Si vous pensiez encore que la nature du mal était inhérente et exclusive à l'homme, ce roman vous ouvrira les yeux. Le portrait féminin revêt ici des aspects aussi machiavéliques qu'insoupçonnables...
"Je décidai donc de pondérer ma limite du bien et du mal par l'importance du "risque à prendre" et la gravité de la sanction encourue. Si le risque était minime et la sanction peu importante, l'acte avait toutes les chances de se retrouver en zone neutre. Tout n'était qu'histoire d'interprétation et de manipulation."
Folie, sentiment de malaise, de sidération.
On regrette l'absence d'un rapport d'analyse psychiatrique.
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