"Il était une voix..." de Marina Al Rubaee aux Editions Fayard (Mazarine)

Résumé

Il était une voix... | Marina Al Rubaee | Editions Fayard (Mazarine)
C’est l’histoire d’une petite fille devenue femme, née dans une famille considérée comme différente et en difficulté par la société, du fait de la surdité de ses parents. Et pourtant, elle a senti, observé, vécu des situations qui sortent du commun et lui ont donné la force d’appréhender la vie autrement. Là d’où elle vient, on allume et on éteint la lumière pour faire remarquer sa présence. On ne dit pas, mais on «_parle_» et montre les choses avec les mains. Et on ne laisse jamais tomber.
Marina Al Rubaee nous invite à entrer dans une autre réalité, un univers où elle a dû très tôt prendre le rôle d’une adulte en devenant une aidante – quelqu’un qui s’occupe de proches en situation de dépendance.
Vue de l’extérieur, cette situation paraît extraordinaire alors que, pour elle, c’est une vie des plus ordinaires. 
https://www.fayard.fr/

 

Marina al Rubaee – "Il était une voix" : Un témoignage sincère et lumineux

Mon avis

Les parents de Marina sont sourds. Très tôt, elle s’est investie pleinement pour faire le lien entre eux et le monde des entendants. Dans cet ouvrage, elle livre avec humilité le récit poignant de son quotidien, à la croisée de deux univers.

Ce témoignage déborde d’humanité, d’amour et d’authenticité. Marina nous raconte, avec une pudeur touchante, l’expérience d’avoir grandi aux côtés de parents sourds. Son objectif est clair : faire comprendre sans jamais juger, sensibiliser sans tomber dans le pathos.

Ce qui m’a particulièrement émue, c’est sa volonté constante de ne pas stigmatiser. Elle nous fait entrer dans une réalité souvent invisible, avec douceur et lucidité. Par la force des circonstances, elle a grandi vite, endossant très jeune des responsabilités d’adulte.

Bienveillante, pleine d’énergie, elle s’est peu à peu enfermée, presque à son insu, dans une forme de codépendance affective et fonctionnelle. Elle nous en parle avec justesse, sans détour, tout en gardant une grande tendresse pour ses parents.

Page après page, elle nous explique comment, petit à petit, elle a su poser des limites, se libérer, et trouver un nouvel équilibre. Ce chemin vers soi, courageux et sincère, permet une prise de conscience essentielle : être aidant, c’est aussi apprendre à s’écouter soi-même.

Aujourd’hui, Marina al Rubaee est journaliste et engagée dans le secteur médico-social. Elle a coécrit avec Jean Ruch Les aidants pour les Nuls, une référence précieuse pour beaucoup de familles. Sa voix, portée par l’expérience et l’empathie, résonne juste.

Et au fil de cette lecture, on comprend que derrière la fille-médiatrice, il y a une femme debout, libre, qui a su transformer l’amour en force, et la contrainte en vocation.

 

La réalité avec son fameux principe m’oblige à m’y plier, à concilier les opposés, à devenir ce relais. Je ne supporte pas de voir le monde les mettre de côté, les marginaliser. Je veux les relier, à ma façon, aux bruits, au vivant.