Lindsay Hunter – "Hot Springs Drive" : Dérangeant, cru, addictif
Mon avis
Theresa et Jackie, toutes deux mères de famille, deviennent inséparables. Leur complicité grandit au fil des jours, jusqu’à rendre leurs présences respectives vitales. Alors, quand elles apprennent qu’elles vont devenir voisines, la joie est immense. Mais dans l’intimité, tout ne peut se partager… Et lorsque la prise de conscience s’impose, il est déjà trop tard.
Avec une lucidité tranchante, Lindsay Hunter déshabille les existences trop sages de la banlieue américaine. Son récit, sulfureux et viscéral, s’attaque aux faux-semblants, à la surface bien polie de la normalité. Rien n’est lisse ici, tout est tension, faille, dérive.
Ce roman donne voix à des femmes prises dans l’étau de la maternité, du couple, des responsabilités écrasantes. Il évoque la vacuité, la frustration, les désirs inavoués. Le tout, avec une franchise parfois brutale. L’autrice scrute ce qui bouillonne sous les sourires convenus : les rivalités latentes, la jalousie feutrée, la solitude vertigineuse.
À travers des chapitres portés par différentes voix, elle explore ce que l’on tait : les pulsions honteuses, les glissements vers l’obsession, l’irrationnel, voire l’irréversible. L’écriture, très incarnée, nous ramène au corps, à ses manques, à ses failles. Elle ne cherche pas à édulcorer, au contraire, elle gratte là où ça fait mal.
La tension est constante, presque insupportable par moments. Le drame couve, puis éclate, inéluctable. On referme le livre sonné, avec la sensation d’avoir vu l’envers du décor, là où l’amour et la folie ne sont plus si éloignés.
Un roman âpre, dérangeant, qui questionne nos limites et nos faux refuges. Une claque, assurément.
Un secret, c’est comme une faille, une fente étroite par laquelle d’autres possibilités de vie se rendent disponibles. Mon amitié avec Theresa existait en dehors de cette fente.

Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre Commentaire