Laura Pearson - "La dernière liste de Mabel" : Poignant et lumineux
Mon avis
Après soixante-deux années partagées avec son époux Arthur, Mabel se retrouve soudain seule. Seule avec ses souvenirs, ses regrets, et un vide immense qui s’est invité sans prévenir. Pourtant, au-delà de l’absence, Arthur a laissé bien plus qu’un silence derrière lui. À sa manière, avec une délicatesse posthume, il l’invite à se réinventer, à s’ouvrir au monde et, surtout, à elle-même…
Dès les premières pages, la solitude de Mabel m’a saisie de plein fouet. On sent tout de suite le poids du manque, celui des habitudes envolées, des petits gestes devenus fantômes. Cette disparition ravive d’anciens deuils, toujours douloureusement ancrés en elle.
Jusqu’alors, la vieille dame coulait des jours paisibles, bercée par une stabilité rassurante, sans remettre grand-chose en question. Mais le choc de la perte la désoriente. C’est alors, porté par un ultime clin d’œil d’Arthur, qu’un nouvel élan se dessine.
Mabel va croiser la route d’Erin, Julie, Patricia et Kirsty. Des femmes au charme discret, chacune porteuse d’un vécu, d’un combat, d’un secret bien gardé. À travers ces rencontres inattendues, la vie reprend ses couleurs. Petit à petit, entre elles, se tisse une complicité sincère. Elles partagent des instants simples — souvent autour d’une tasse de thé — s’écoutent, se provoquent parfois, se soutiennent toujours.
Il y a dans leur relation une spontanéité rafraîchissante, jamais dénuée de pudeur. Ce lien qui les unit, fragile mais précieux, nous renvoie à nos propres fragilités. Car au fond, c’est de cela qu’il s’agit : se reconnaître dans l’autre, malgré les âges, malgré les blessures.
Grâce à ces femmes, Mabel, autrefois perdue et désœuvrée, retrouve peu à peu son souffle. Sa voix. Son envie d’être là, vraiment. Et lorsque surgissent ses retrouvailles avec Dot, le message devient limpide : il n’est jamais trop tard pour s’aimer, se comprendre et réécrire son histoire.
L’écriture de Laura Pearson est fluide, pleine de douceur et de pudeur. Elle effleure le cœur, puis s’y installe durablement. Ce roman est un hymne discret mais profond à la sororité, à l’entraide, à la tendresse retrouvée.
Un livre qui fait du bien, tout simplement. Un livre qui nous réconcilie avec la vie.
Eh bien, je pense que les gens ont des secrets. Qu’ils cachent des choses dont ils ont honte, et en exagèrent d’autres pour se donner meilleure contenance. Imagine que Dot ait eu des enfants, six maris, ou qu’elle ait mené une vie de bohème... Ça changerait quoi ? Ce serait toujours Dot.

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