Yôko Ogawa - "Le musée du silence" : Sublime et original
Mon avis
Un jeune muséographe prend ses nouvelles fonctions sous la direction d'une vieille femme excentrique. Sa mission : répertorier et classer les objets hétéroclites des défunts d'un village voisin, afin d'immortaliser le souvenir de leur existence. Mais lorsque des crimes commencent à se produire, l'entreprise se transforme en une quête de plus en plus anarchique et tourmentée, échappant bientôt à tout contrôle...
Je me suis laissée subjuguer par ce roman au huis clos hypnotique. Ici, le thème récurrent de la mémoire est exploré avec des accents étranges et mystérieux. Au fil des pages, l'atmosphère devient de plus en plus déroutante, les personnages se révélant insaisissables. L'écriture est lente, poétique, empreinte d'une angoisse et d'une tension croissantes. L'air se raréfie, vicié : il devient oppressant sans qu'on puisse s'y soustraire. Les objets insolites dressent un tableau sidérant, nous liant au matériel comme à l'essence du vivant, dans une peur exacerbée du vide, de l'oubli.
Ce roman explore l'obsession et la réflexion avec une force et une justesse remarquables. L'auteure dévoile l'intime et le grave, le mélancolique et l'inattendu, avec une vérité complexe. Le silence monacal et le sentiment d'isolement cristallisent ces moments délicats, renforçant le malaise.
C'est une œuvre à la fois obsédante et profonde, qui capte l'attention et ne la relâche jamais.
Je fus soudain très occupé. Quoi qu'il en fût, l'important était de ranger les objets éparpillés au hasard, et de les répertorier après leur avoir attribué un numéro. C'était le premier pas pour donner une signification à des objets considérés comme faisant partie d'un simple bric-à-brac.
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