Elisa Shua Dusapin - "Hiver à Sokcho" : Une jolie parenthèse
Mon avis
Une jeune femme, employée dans une pension du côté de Sokcho, à la frontière de la Corée du Nord, s'ennuie dans son quotidien monotone. L'arrivée d'un touriste français, auteur de bandes dessinées, va bouleverser son quotidien. Le temps d'une parenthèse, leurs univers se confrontent dans une séduction aussi mutique que suggérée. Yan Kerrand parviendra-t-il à trouver l'inspiration qu'il recherche ?
Ce roman est une œuvre tout en finesse et délicatesse, où les personnages sont curieux de l'autre, de l'ailleurs et de la culture. Ils se scrutent, s'observent, s'interrogent, pris dans un tango à la fois sensuel et animal, qu'ils provoquent et réfutent malgré eux. Ce jeu de séduction est à la fois fascinant et déroutant, nous entraînant dans un voyage fantasmé, où chaque échange est marqué par des demi-mots et des silences éloquents.
À travers des formules échangées et des regards furtifs, deux mondes différents s'attirent et se repoussent comme des aimants contraires. Nous devenons les témoins d'une intimité subtile et évanescente, aux multiples facettes. L'auteure distille avec art l'érotisme, la latence et l'ambiguïté, ménageant habilement ses effets. Le temps semble suspendu, laissant place à une réflexion sur l'identité, l'inspiration, les peurs et les influences.
La Corée, scindée et contrariée, se dessine en toile de fond, apportant une dimension supplémentaire à cette rencontre troublante. Le charme opère de manière évanescente et troublante, nous submergeant dans une atmosphère où tout semble à la fois fragile et intense.
"Kerrand n'a pas répondu. Il ne connaîtrait jamais Sokcho comme moi. On ne pouvait pas prétendre la connaître sans y être né, sans y vivre l'hiver, les odeurs, le poulpe. La solitude."
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