Akira Mizubayashi - "Ame brisée" : Sublime
Mon avis
À Tokyo, en 1938, alors que le Japon est en guerre contre la Chine, quatre violonistes jouent au-delà de la haine, bien au-delà des frontières. À l'approche des soldats, Rei, onze ans, caché dans une armoire, assiste impuissant à l'arrestation de son père, qu'il ne reverra jamais. Le violon brisé de son père l'accompagnera dès lors toute sa vie, comme une mémoire vivante et un lien indéfectible avec son passé.
L'auteur nous offre un récit poignant et une leçon d'humanité bouleversante. Il dépeint des êtres ravagés qui, grâce à la musique et à la communion qu'elle crée, parviennent à transcender leur douleur pour en faire quelque chose de meilleur.
Rei m'a profondément touchée par sa droiture. Sensible et déterminé, il mène à bien ses projets, notamment celui de réparer le violon de son père, une tâche chirurgicale et titanesque dont il peut être fier.
On assiste à une reconstitution émouvante, avec des personnages qui partagent une souffrance commune, des zones d'ombre que la passion pour la musique parvient à contenir.
L'écriture est délicate et éprouvante, révélant les cœurs et soulignant l'essentiel. On se sent habité par la magie et la virtuosité des instruments à cordes, qui nous font voyager du Japon à la France, en passant par la Chine et l'Italie.
La passion ici transcende l'âme et le vivant, rendant un bel hommage au partage et à la transmission.
"Pour que la musique parvienne jusqu'à nous, il faut des compositeurs qui créent la musique. Il faut des interprètes, des instrumentistes, par exemple des violonistes qui la réalisent, mais il faut aussi des gens qui fabriquent leurs instruments, leurs violons et leurs archets. Il faut le concours de ces trois catégories..."
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