Adeline Dieudonné - "Reste" : Un récit perturbant
Mon avis
Quand la maîtresse d'un homme marié, après une rencontre illicite, doit faire face à la mort de son amant, cela devient le rendez-vous ultime et impossible. À tel point qu'elle s'enferme dans le déni, retardant le moment de l'inéluctable séparation, en confiant son histoire dans une lettre à l'épouse légitime. Jusqu'à quel point la perte d'un amour de l'ombre peut-il faire perdre la raison ?
Adeline Dieudonné nous livre le récit fructueux de la passion amoureuse, celle qui habite et ne vous quitte plus. La narratrice nous emporte dans sa dérive, ses évitements, ou la fulgurance de ses sentiments. Elle exprime l'attachement viscéral au-delà du délitement du corps, de la putréfaction.
Obsédée, elle est aveuglée par ses peurs, ses fragilités, encline à ne pas quitter M. Elle signe ici et revendique, avec cette rétention, son désir d'appartenance, de reconnaissance même.
L'écriture est dense, profonde, torturée, oscillant entre introspection et confession. On plonge ici dans une réflexion sérieuse sur l'adultère : est-il le choix d'une liberté assumée ou le fruit d'une furieuse soumission ?
Dérangeant, choquant, on suit en flux tendu le cheminement d'un acte insensé. Les péripéties sont nombreuses, et l'issue cinématographique romantisée. Ce récit intime nous projette dans une proximité féminine improbable, parce que tabou.
Un roman d'amour morbide, sublimé, qui exprime l'étouffement d'une vraie solitude. La gravité d'Adeline Dieudonné confirme son talent, et mon adhésion à ce qu'elle nous propose.
Je fais le deuil de lui depuis le début. Je n'ai rien à regretter, je n'ai pas gaspillé une seconde. Je l'ai aimé comme je n'aurais pas pu aimer à vingt ans. Je crois qu'on ne s'aime vraiment qu'à l'ombre de la mort. Ou quelque chose comme ça.
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