Catherine Bardon -"La fille de l'ogre" (*) : Un destin tragique
Mon Avis
Qui est Flor de Oro Trujillo, cette femme née sous le joug paternel dont elle aura bien du mal à se détacher ? La fille d'un dictateur, amoureuse de son île dont elle sera si souvent exilée.
Catherine Bardon lève le voile sur la femme blessée à travers un roman fleuve poignant. On comprend très vite l'emprise, la relation toxique qui influencera sa vie amoureuse tout au long de sa vie. Elle revient sur ses blessures d'abandon, sa quête d'amour aussi inépuisable qu'inatteignable.
On voyage de la République dominicaine à New York, en passant par Paris. On est témoin des œuvres de manipulation qui engendrent les malaises, génèrent les addictions et l'autodestruction. On se rapproche de sa révolte, de ses fuites en avant. On s'indigne de son rôle de monnaie d'échange, de laissée pour compte, et on a très souvent envie de la protéger de ce scénario grotesque qui la pousse inexorablement vers un même et dangereux précipice.
"Flor peine à se reconnaître, mais elle est bien là. La détestation de son père. Qui lui vrille le cœur et s'y enracine. Elle hait T, elle en a peur, et pourtant la petite fille en elle aime, admire son père, et désire plus que tout son assentiment. Devant cette évidence schizophrénique, la raison de Flor vacille."
À l'aube de son départ funeste, elle tire un bilan sur ses neuf mariages, sa solitude, son sentiment d'être trop souvent passée à côté de ses rêves, de ses envies...
Ironie du sort, cette désespérée de l'amour décède un 14 février, rejoint sa mère et son pays qu'elle n'a pourtant jamais cessé d'aimer.
(*) Juré du Grand Prix des Lecteurs 2024
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