SHIGA Izumi -"Quand le ciel pleut d'indifférence" : Sublime et poétique
Mon avis
À proximité de Fukushima, un homme en charge de sa mère grabataire, qu'il ne peut pas se résoudre à abandonner, erre dans le village dévasté de son enfance. En conflit avec son passé, il lutte avec ses souvenirs entre la peur de perdre ce qui lui reste et l'espoir de se retrouver à nouveau...
L'auteur nous offre un roman à la fois sombre et lumineux où la douleur et le sentiment de solitude prédominent. Yohei est une figure fantomatique au milieu d'un paysage lunaire. Auprès de sa mère mourante, il éprouve des sentiments vifs et partagés qui ravivent des blessures d'enfance, et une promesse trop lourde à porter.
"C'est le lendemain matin que j'ai appris la mort de Misuzu. Le professeur principal nous l'a annoncée avec des larmes dans la voix. Moi, j'avais la tête vide. Deux fois seulement au cours de ma vie, j'ai connu cet état. La première fois, quand Misuzu est morte, la deuxième fois, quand la centrale nucléaire a explosé."
L'écriture est poétique avec cette plume de paon, fil conducteur, qui renferme un doux-amer secret.
Avec Yohei, on traverse des moments de doute, de confusion, d'attachement et de rejet. Il entame un travail de deuil laconique, furieux et rédempteur. Sa rencontre avec Reiko est importante et salutaire. Avec elle, il peut exprimer ce qu'il n'a jamais dit. J'ai été touchée par la discrétion et la bienveillance de la jeune femme, elle est ce phare qui brille et qui guide dans la nuit.
Ici, on parle d'amour, d'incompréhension et de non-dits. La culpabilité, le ressentiment expriment leur cruauté d'abord, pour laisser place à quelque chose de plus nuancé et de constructif.
L'histoire d'une vie meurtrie par trois décennies de silence et d'un tsunami, la fin d'un cycle et le début d'une résilience bénie.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre Commentaire