Interview Valérie Valeix

 

Je tiens à remercier chaleureusement Valérie Valeix de m'avoir accordé un peu de son temps pour cette interview.

Grâce à cette interview, je vous propose de découvrir un peu plus l’auteure Valérie Valeix.

 

01) Pouvez-vous SVP vous présenter aux lecteurs de SophieSonge.com ?

Je suis apicultrice dans l’Eure, ancien membre correspondant de la Fondation Napoléon, je me passionne depuis l’enfance pour l’Histoire, habitant alors près du château de la Malmaison.

Je suis actuellement membre du Souvenir Napoléonien de Normandie.
Auteure de la série Crimes et Abeilles, les enquêtes de l’apicultrice : 7 tomes qui combattent le crime contre l’environnement

Et de l’abeille noire à l’abeille impériale, il n’y avait qu’un vol d’aile : je suis aussi l’auteure  d’une série historique dont le premier tome a été couronné du prix Napoléon 1^er décerné à Fontainebleau le 15 octobre 2021 par un jury d’historiens parmi lesquels Jean Tulard et parrainé par Stéphane Bern.

J’ai également reçu le prix Lions Club de Rambouillet pour ce même opus.

Je suis aussi conférencière historique et  j’ai animé cette année encore des ateliers d’écriture à la maison Chateaubriand  à Chatenay Malabry.

 

02) Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire des romans policiers autour de l’apiculture et surtout, d’ou vous vient cet attrait pour l’apiculture ?

J’étais apicultrice avant d’écrire ou plus exactement, de me remettre à écrire. J’ai toujours écris, même enfant, mais avec des périodes de pause. Quand j’ai fais ma formation d’apicultrice, j’avais abandonné un thriller historique pourtant terminé parce qu’il avait été refusé par une grande maison qui l’avait trouvé « bien » sans pour autant donné suite. Mon arrière grand-père était apiculteur en Auvergne, à Volvic, sa mère se nommait Gabrielle Valeix à laquelle j’ai emprunté son nom de jeune fille pour en faire mon pseudo. Quant à écrire des polars apicoles, l’idée m’est venue pendant ma grossesse difficile, en regardant le Sang de la vigne à la télévision. J’ai d’ailleurs contacté les auteurs qui m’ont encouragée.

03) Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontée en tant qu'apicultrice, et comment les avez-vous surmontés ?

Il y en a plusieurs. Le premier est le manque de fleurissement et les monocultures. Qui dit cultures dit pesticides, c’est le second défi. Enfin, pas des moindres, le frelon asiatique, ultra présent, ce véritable ogre des abeilles vous décime une ruche en une saison. Comment ai-je répondu à ces défis ? Avec beaucoup de mal et de pertes les années passant. J’ai pu résoudre les deux premiers en installant mes ruches dans la pépinière d’un golf grâce à un ami apiculteur mais le frelon est tout de même là. Nous tendons des pièges composés de mauvais whisky et de sirop type grenadine. Cela contient la pression mais ne résout pas le problème qui aurait du être pris en charge par les autorités sanitaires à l’arrivée du frelon en 2002.

 

04) Comment conciliez-vous votre activité d’apicultrice et votre passion pour l’écriture ?

L’activité au rucher est d’avril (pour nous en Normandie) à fin juillet, ensuite il y a le travail à la miellerie (remplissage des pots étiquetage, nettoyage) les ventes toute l’année. J’écris chaque jour quand j’ai terminé mes activités, le soir parfois.

 

05) Comment est née votre amitié avec Juliette Benzoni, et comment votre expérience en tant que fournisseur de miel pour Juliette Benzoni a-t-elle enrichi votre parcours en apiculture et en écriture ?

J’ai toujours lu Juliette, elle m’a passionnée. J’avais très envie de la rencontrer. J’ai été amenée à entrer en contact avec une personne qui gérait des blogs sur elle, ses livres. Quand je l’ai enfin rencontrée, c’est très naturellement que je lui ai offert un pot de miel. Après l’avoir dégusté elle n’en a plus voulu d’autres que le mien, j’ai même fourni une fois, à sa demande, son directeur de collection chez Plon. J’avais écris alors un petit traité d’apithérapie qu’elle avait apprécié. Elle m’a demandé de l’étoffer pour le présenter à Plon et puis elle est décédée. Les choses en sont restées là.

 

06) Quel est le lien entre les titres de vos livres et les intrigues que vous développez ?

Dans chacun de mes tomes, j’ai voulu développer des thèmes en rapport avec les 5 produits de la ruche : le miel, la cire, le pollen, la propolis ( un mastic naturel bourré de propriétés) la gelée royale mais aussi montrer la vie au rucher.

Echec à la reine : évoque l’élevage des reines propres à renouveler la colonie ( une reine est la mère des 15 000 à 30 000 abeilles selon la saison) mais c’est aussi grâce aux reines que les abeilles produisent de la gelée royale. On a donc tout intérêt à faire durer ces reines.

Thème : Jusqu’où les labos sont ils prêts à aller pour produire à outrance ?

 

 

 La fumée du diable : il s’agit d’établir le lien entre une apicultrice, étouffée à l’aide de son enfumoir et le directeur d’une firme de produits bio possédant des parcelles sur lesquelles sont mortes les colonies de l’apicultrice. Pourquoi l’a-t-on tuée et pourquoi de cette manière ? C’est tout le suspense.

Thème : le double visage de l’écologie.

 

 

Confession d’un pot de miel : titre qui fait rire les passants sur mes stands. On peut introduire un tas de choses dans du miel. De plus en plus on voit « miel au huiles essentiels de …romarin etc »  Mais l’appellation « aromiel «  devrait alors être employée, c’est rarement la cas. Ici, ce sont des bouts de verre finement pillés qui ont été introduits dans le miel, qui avec le temps ont fini par causer une hémorragie. C’est donc un crime réfléchi. La jeune épouse de la victime, Robart, propriétaire d’un domaine viticole, est aussitôt accusée. Audrey, amie de l’accusée va démontrer qu’il n’en est rien.

Thème : le miel et ses diverses utilisations.

 

 

Abeilles, crimes et champagne : Audrey se rend en Champagne donner une conférence sur le pollen, elle est accueillie chez une famille d’apiculteurs dont l’important domaine jouxte celui d’un producteur de champagne, plus modeste. Quand la propriétaire de champagne est retrouvée étranglée sur le domaine de l’apiculteur, on accuse bien évidemment celui-ci d’avoir régler des affaires de familles remontant à la guerre d’Algérie. Ici les thèmes sont : le pollen ( frais excellent pour la santé) et la guerre d’Algérie, les Harkis, les oubliés,  un sujet encore sensible.

Dix petits frelons : A Giverny, le jeune prêtre Grégory Larcher,  apiculteur  et formateur de gelée royale, est aussi éducateur de rue. Il a sous son aile, dix jeunes qu’il nomme affectueusement « frelons » C’est dans cette ambiance joyeuse, qu’Audrey, accompagné du fidèle Lebel ( gendarme à la retraite, présent depuis le T1) débarque pour se former à la gelée royale. Mais les jeunes disparaissent mystérieusement  les uns après les autres. Larcher, prêtre à la Guy Gilbert, lui même issu de la rue, est accusé de ces disparitions.

Thème : la gelée royales et ses incroyables vertus.

 

 

Mort d’une bougie  ( avec la commissaire Danielle Thiéry en personnage) Mandatée par le magazine l’Abeille de France, Audrey se rend à Paris pour un reportage sur la prestigieuse institution Cire Marie. Elle patiente dans la boutique en compagnie de la commissaire Thiéry venue acheter un cadeau. Mais alors qu’elle demande à être introduite dans le bureau de directeur, la jeune vendeuse revient en hurlant : le  directeur est menotté sur son siège et a été étouffé au moyen d’un sac de papier de la marque. Audrey enquêtera en collaboration avec la commissaire Thiéry et les Sections de recherches de Paris qui les conduiront dans le milieu des travestis.

Thème : la cire, propriétés.

 

 Une coccinelle sur la lande :  Audrey et son mari sont  en Bretagne pour quelques jours de repos. après sa conférence donnée au Palais des Congrès de Quimper, Audrey est abordée par un photographe animalier de renom , Gabriel le Bihan qui signe ses clichés Gargamiel , pour vider la maison de ses parents, en l’occurrence le rucher. Tandis qu’elle évalue les colonies, des Noires du Cap Sizun, Antoine, son mari, colonel de gendarmerie, manque d’ être renversé dans la grange par un tas de bois qui s’effondre et découvre une coccinelle dans le coffre duquel se trouve un squelette. Or Rozen,  la sœur du photographe avait disparu en 1974 . Sont-ce ses restes ?

Thème : les diverses écotypes de l’abeilles, sont-ils adaptables dans toutes les régions, le cold case et les fantômes transgénérationels.

Crimes et abeilles c’est aussi une histoire de femme, de mère de famille, bref quelqu’un qui nous ressemble.

 

07) Partons maintenant en direction de votre autre passion : Napoléon : Comment la fondation Napoléon a t-elle influencé votre travail ou votre passion pour l'Histoire ?

La Fondation n’a pas influencé mon travail, y travailler m’a donné la possibilité de découvrir au travers de ses 36000 lettres  que nous informatisions, un Napoléon différent : chef d’état mais pas que : fils, mari, amant, père de famille recomposée et en attente fébrile de son propre enfant.  

 

08) Quel est votre rapport à l’Histoire, qui semble être un thème récurrent dans vos romans ?

J’ai été nourrie au lait de l’Histoire par ma grand-mère qui m’a élevée, mes parents ne souhaitant pas s’encombrer de leur progéniture. A cette époque-ci, nous habitions près de la Malmaison et les jardins étaient alors gratuits comme Versailles et d’autres. Nous y allions très souvent. Ensuite quand j’ai pu lire, j’ai lu toute sa collection d’Histoire d’amour de l’Histoire de France. Ensuite cela a été les romans historiques et plus tard les polars historiques.

 

09) Comment choisissez-vous les lieux et les contextes historiques dans lesquels se déroulent vos romans ?

J’ai choisi la période impériale par goût pour cette époque, sa richesse d’uniformes, les bienfaits dont  ont été comblés des soldats sortis de rien, anciens palefreniers , fils d’aubergistes parvenus pour certains à des très hautes dignités : Murat pour ne citer que lui.  Avec le film a paraître le 22 novembre, Riddley Scott lui- même est tombée dans la marmite impériale. Mais je compte explorer d’autres périodes, le XIX siècle est très riche notamment.

Les lieux : pour mon premier, j’ai voulu rester près de chez moi, pour plus de facilités à consulter les archives , cela a donc été Vernon. Mais ensuite, je me suis lancée à Paris.

 

10) Quelle est votre approche de recherche lors de l'écriture de vos livres, en particulier en ce qui concerne les aspects historiques ?

Bien qu’écrivant en milieu militaire, je favorise l’aspect « vie de tous les jours » en mettant en avant les arts : peinture, musique et aussi les arts de la table, surtout la gastronomie avec la naissance des diners diplomatiques. J’ai aussi la chance d’avoir un « aide de camp » qui surveille tous les passages historiques, surtout les très pointus. Il m’aide énormément par ses relectures et avis. Alain Cerri est ancien professeur d’Histoire.

 

11) Quelles sont vos sources d’inspiration pour créer les intrigues et les personnages de vos romans ?

Je vais vous décevoir : juste l’imagination. Il faut que l’époque et les costumes me fassent rêver, je pratique moi-même la reconstitution qui n’est ni du déguisement, ni du théâtre. Les costumes et uniformes doivent être rigoureux et les tissus de belle qualité : le synthétique n’y est pas admis de même que les systèmes de fermeture modernes : agrafes et laçages de rigueur !

 

12) Quels sont les messages que vous souhaitez transmettre à travers vos romans ?

La préservation de la nature pour la série Apicultrice, le respect de la vie avant nous et le non jugement des faits du passé avec nos yeux d’aujour’hui pour la série Historique. Je vous l’ai dit, j’ai été élevée par ma grand-mère qui avait 20 ans en 1943, elle pestait devant sa télé devant les donneurs de leçons sur la seconde guerre mondiale «  qui n’a pas vécu cette époque ne doit pas juger » c’est valable pour toutes les époques.

 

13) Quels sont les auteurs ou les livres qui vous ont marqué ou influencé ?

Juliette Benzoni, Anne et Serge Golon qui ont écrit en couple « Angélique » l’une des plus longues séries de romans historiques, Parot, Armand Cabasson qui hélas n’a pas poursuivi, Frédérique Lenormand…j’aime aussi la BD comme celle de Jacques Tardi « Adèle Blanc-Sec « 

 

14) Quels sont vos projets futurs en ce qui concerne l'apiculture, l'écriture ou d'autres domaines qui vous passionnent ?

J’ai beaucoup de projets futurs, explorer d’autres époques, j’ai parlé du XIX siècle mais les Années Folles sont aussi très intéressantes. Et puis j’aimerais aussi tenter la biographie. Celle de ma grand-mère ou/et d’Elisa Bonaparte que j’incarne en reconstitution.

 

15) Quel est le roman que vous avez pris le plus de plaisir à écrire et pourquoi ?

J’ai pris du plaisir à tous et je vais vous confier une chose : pour un auteur, le meilleur moment c’est quand on pose le mot « Fin » il y a quelque chose de jouissif à cette fin.  On a porté des mois des personnages, une histoire, on s’est parfois trompé, avons été déçu alors quand se profilent les derniers mots c’est comme apercevoir la grande bleu au bout du long ruban d’asphalte. Je ne boude alors pas mon plaisir.

 

16) Le mot de la fin ?

« Rien de grand ne se fait sans imagination » Napoléon Bonaparte. Que la mienne me tienne lieu encore longtemps de compagne, avec sa cousine nommée «  Brin de Provoc »   !! 

Liens

https://www.palemon.fr/421-valerie-valeix

http://www.crimesetabeilles.fr/

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