"Glen Affric" de Karine Giebel aux Editions Plon

 

Résumé

Glen Affric | Karine Giebel - Editions Plon
Je suis un idiot, un imbécile, un crétin. Je n'ai pas de cervelle.
Léonard se répète ce refrain chaque jour et chaque nuit, une suite de mots cruels qu'il entend dans la cour, dans la rue. Son quotidien.
Léo le triso. Léonard le bâtard.
Léonard n'est pas comme les autres et il a compris que le monde n'aime pas ceux qui sont différents.
Alors il rêve parfois de disparaître.
Être ailleurs. Loin d'ici.
À Glen Affric.
Mais les rêves de certains sont voués à finir en cauchemars...
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Karine Giebel - "Glen Affric" : Un roman noir et émotionnel

Mon Avis

Léonard a été trouvé dans un fossé par Mona quand il était petit. Des traumatismes liés à son enfance ont causé chez lui, des dommages irréversibles et un retard intellectuel. Grand costaud, il demeure quelqu'un de sensible et de secret alors qu'il subit des humiliations quotidiennes. Mais sa mère adoptive a su préserver les rêves et les espoirs pour ce grand frère parti pour l'Écosse et qu'il a très envie de rencontrer. Un doux mensonge, des circonstances communes et douloureuses, un voyage inoubliable, vont finir pourtant de les rapprocher...

Difficile de décrire ce roman tant il est dense et torturé. Car oui, il nous précipite en enfer avec son lot de malheur, d'acharnement et d'injustice. Mais il nous réunit aussi pour sa force, l'amour et le sublime.

On nous dit l'abominable et le cruel d'une métamorphose. On rencontre le pire comme le meilleur à travers les épreuves, les rencontres. L'univers carcéral n'échappe pas à ses contradictions. Les amitiés y sont éternelles comme les heurts, les peurs et les vilaines obsessions. 

Et si on ne plonge pas complètement dans ses abîmes, c'est une question de survie. Jorge et Léonard vont s'accrocher aux branches, devenues l'un pour l'autre, un tuteur pour ne pas flancher au milieu de ce terrible chaos qui les frappe. Et puis il y a Angélique, cette jeune femme recluse et esclave sexuelle chez son oncle. 

 

"Tu es mon frère. Si t'es pas là, je suis tout seul. Et si je suis pas là, t'es tout seul."

 

L'écriture est incisive, aussi prolixe que cruciale. L'auteure sait où nous amener pour capturer nos émotions. L'Écosse agit sur nous comme un mirage inaccessible sans frontières, ni lois. Et pourtant, on a envie d'y croire à ce baume ultime et purificateur. Les péripéties sont nombreuses, noueuses et cicatricielles. Les personnages nous invitent à une découverte de leurs failles avec une incroyable sagacité. On assiste impuissant à une mise à mort inéluctable, et au soulèvement d'une sincère dignité.

Rien n'est de trop dans ce roman de 762 pages où tout est à sa place. Une fois reposé, il continuera de se distiller en vous, parce qu'il vous aura indubitablement marqué !