Hector Mathis - "Langue Morte" : Un tourbillon de sensations
Mon avis
Les souvenirs de Thomas s'invitent à la porte de l'immeuble de son enfance pour un voyage lent et introspectif. Il nous montre un chemin contemplatif et quelquefois tourmenté...
Tout commence en banlieue parisienne avec cette atmosphère limitée, grisâtre. Le narrateur écorche son milieu avec autant de rudesse que de tendresse. Parce qu'on y croise la douleur, l'alcool, la violence, la précarité, la promiscuité.
C'est une vie de quartier vibrante avec ses bruits, ses affolantes addictions. L'écriture est poétique avec des émotions volatiles mais prégnantes. Tout nous y est décrit avec un réalisme virtuose, décapant. On est touché par l'intime exprimé avec une si grande justesse. On traverse le miroir avec un retour dans le passé aussi jaillissant que provocateur.
On y retranscrit les premières expériences, dont on sait qu'elles
marquent durablement, à travers l'amour, la famille, l'amitié, la
sexualité, la mort.
"J'ai l'enfance expulsée, là, d'un coup ! Ça me prend dans la poitrine. Je la sens qui se désincarne et qui me gifle par la même occasion. Elle ne m'appartient plus."On déambule, on s'imbibe d'une époque révolue et qui, à travers des extraits d'actualité ravive des impressions connues. On y devine une certaine nostalgie, une impatience des mots qui coulent à flots. C'est sensible, dur, intelligent, brut et chahuté.
Cela se lit comme une épopée où on y érige sa peur, ses convictions, sa pure essence. Avec ce roman, Hector Mathis distille une précision et la projette sous une forme subjuguante et décuplée.

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