Un témoignage nécessaire
Vanessa Springora a treize ans quand elle rencontre celui qui va lui voler son innocence. Lui, c'est Gabriel Matzneff, auteur quinquagénaire, charismatique et sulfureux.
C'est en racontant son histoire que la femme qui est devenue Vanessa a
décidé d'enfermer "le monstre" à l'intérieur de son récit...
L'auteure nous retrace l'histoire d'une emprise décortiquée et finement analysée. Elle dénonce le prédateur qui a su déceler la fragilité en elle, et s'en délecter.
Elle fustige son entourage, la société qui a laissé faire, fermer les yeux devant l'inacceptable. Elle n'élude pas l'ambiguïté de ses sentiments, dont elle se sent responsable. Sans haine, sans véhémence outrancière, elle relate les faits qui parlent d'eux-mêmes. L'aura vampirique à laquelle elle s'est d'abord soustraite, puis le processus lent de désenvoûtement.
"Non, cet homme n'était pas animé que des meilleurs sentiments. Cet homme n'était pas bon. Il était bien ce qu'on apprend à redouter dés l'enfance : un ogre."
L'écriture est juste, discrète, lettrée. Elle dit les blessures, les difficultés à se construire, se réparer. Les maux sont encrés autant qu'ancrés pour une catharsis ultime. Si on est heurté par les actes pédophiles, cela va bien au-delà avec le travail de perversion, d'instrumentalisation et de harcèlement.
On ne peut que souligner le courage qu'il a fallu mettre en œuvre pour libérer la parole et de surcroît la publier. Le consentement est remis en question, qu'est-il sans conscience ni discernement ?
Ce
roman crucial nous abîme, nous intime à être vigilant et à ne plus
entretenir une confusion béate entre Art et jouissive permission...
Emprise, témoignage, perversion
Un roman médiatisé et qui doit faire sens, dans un contexte où l'âge de la majorité sexuelle fait encore débat
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