Un récit éloquent
Lucie, 29 ans est conservatrice et vient de rompre avec son amoureux, quand son amie Mariette l'invite à rejoindre un groupe de prière. En quête d'elle-même et de rayonnement, elle s'apprête à vivre une aventure hallucinante. Mais s'inquiète-t-elle de savoir ce qu'il y a après l'éblouissement ?
Ce roman décrit le processus lent, aveugle d'une emprise, d'un enrôlement à une secte. Le mode opératoire est rôdé et toujours le même. D'une fragilité va naître la brèche dans laquelle l'ensorcellement pourra avoir lieu.
Les belles paroles, l'esprit d'union et de paix se confondent dans une voix unique et hypnotique. Le Berger est le maître gourou qui régit la communauté. Lucie tombe sous son charme et lui remet sa vie dans un abandon, dont pourtant elle se défend. On assiste à cette dépression dans une langueur qui nous imprègne tout entier.
La mise en abîme est sournoise, pour laisser une empreinte durable. Toutes les étapes sont méticuleusement retranscrites, de la fascination, en passant par le doute, jusqu'à l'humiliation et la rupture.
"Là-bas, sur la scène, à une distance juste un peu trop grande pour qu'elle puisse bien distinguer les traits de son visage, le Berger se recueillait. Lucie admirait la maîtrise qu'il avait de lui-même. Bientôt, il serait pleinement parmi eux, et son aura se déploierait."
L'écriture est discrète et sensible, elle nous touche à vif, profondément.
On assiste impuissant à cette descente aux enfers, incontrôlable. Les personnages sont effacés, soumis à une volonté qui leur échappe. On est ébahi par leur crédulité, leur comportement nous heurte, et nous sommes envahis par des sentiments hostiles. On parle de manipulation, de perversion, de dogmatisme. On y dit les privations, la violence, les abus. Avec ce roman, on s'inscrit dans une vigilance accrue des chants de sirène invoqués sous le compte des spiritualités.
L'auteure réussit à être dans la maîtrise pour être à la fois dans la justesse et la puissance. À découvrir !
Communauté, endoctrinement, perte de repères
L'inquiétude des proches auraient pu être plus développée
Anciens élèves de l'Ecole normale supérieure, Anne Boquel et Etienne
Kern, sont agrégés de lettres, et enseignent respectivement à
l'université Paris IV et à l'université Paris X (Nanterre). Très jeunes
(ils ont vingt-cinq ans), ces deux passionnés de littérature ont un
talent rare pour en raconter les coulisses. Les recherches d'Anne Boquel
portent sur la poésie napoléonienne, de 1815 à 1848. Celles d'Etienne
Kern, sur Henri de Latouche, homme de lettres du début du XIXe siècle.
Très jeunes, 25 ans, mariés à la ville, ils allient à leur passion pour
la grande littérature un talent signalé pour nous faire rire des
petitesses des écrivains. (Source Babelio : https://www.babelio.com/auteur/Anne-Boquel/114331)
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