Un récit glaçant
À la reprise d'une activité professionnelle, Myriam se met en quête d'une nourrice pour ses enfants. Avec son mari, elle multiplie les castings avant de trouver la perle rare. Et s'ils s'étaient malheureusement trompés ?
Leïla Slimani nous cueille dès les premiers mots avec effroi, douleur, stupéfaction. Le drame est arrivé : cruel, sourd et sans appel. À moins qu'il ne se soit insinué sournoisement à l'intérieur des murs de cet appartement bourgeois parisien.
On retient le cri long et inépuisable de cette mère qui perd tout, au regard de cette scène de crime impensable. L'auteure réussit à décortiquer l'impardonnable. Le fil se déroule, complexe, ambigu, malsain, amer. Elle dit la solitude, la détresse, le désespoir. Louise est ce personnage trouble, diffus, difficile à cerner. Son vécu a modelé sa fragilité. Elle est cette présence indispensable et à la fois cette vacuité nécessaire qui peut faire mal.
"Les années l'ont recouvert d'une écorce épaisse et froide et elle l'entend à peine battre. Plus rien ne parvient à l'émouvoir. Elle doit admettre qu'elle ne sait plus aimer. Elle a épuisé tout ce que son cœur contenait de tendresse, ses mains n'ont plus rien à frôler."
L'écriture est précise, féroce. Il y a ces signes discrets et avant-coureurs, mais pas imperceptibles. Le malaise est insufflé au fil des pages. Au détour des obsessions, il y a ces scènes choquantes, tranchantes. La relation employeur-employé est étroite, maladroite, inexprimée.
L'absence de cadre laisse la place aux malentendus. Pour Louise, la répétition devient dangereuse, scabreuse ; la perspective du changement, source d'angoisse. Les troubles de l'humeur surgissent ponctuellement avant de laisser poindre la folie pure. On ne vous épargne rien de ce décrochement avec le réel, de cette débâcle inéluctable.
Un récit cinglant, imperturbable où "Mary Poppins" n'est finalement pas celle que l'on croit...
Drame, infanticide, nounou
Le col claudine et les chaussures vernis, c'est pas un peu cliché ?
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