Un récit impitoyable
"Frappe-toi le coeur, c'est là qu'est le génie", Alfred de Musset.
Marie a 20 ans quand elle met au monde sa fille Diane à laquelle elle ne prête pas la moindre attention. La petite ressent une fêlure qu'elle ne réussira jamais complètement à résorber, amplifiée même après la naissance de son frère et sa sœur cadette, à qui leur mère à tout donné...
Avec ce roman Amélie frappe fort et s'attarde à la relation mère-fille, complexe, animale et parfois destructrice. Avec son héroïne Diane, on mesure et on éprouve le vide et l'incompréhension : la douleur quant au fait de ne pas se sentir aimé par celle qui vous a pourtant donné la vie.
Elle dit la difficulté de construire sa relation aux autres, de dire ou de taire son secret. Il y a beaucoup de souffrance, et de distanciation, mais Diane ne peut pas s'autoriser pour autant, à ne pas aimer sa mère en retour. Dans ses relations amicales, elle semble toujours en quête d'admiration, de séduction. Elle trouve dans ses échanges un écho à son histoire. On parle de sentiments mêlés, diffus, irréfutables. Il y a la peur, la jalousie qui ne laisse pas de place à l'autre, qui phagocyte tout.
L'écriture est franche, cruelle pour saisir la fragilité, les failles derrière les apparences. On a mal, on a de la peine, on est choqué. C'est tranchant, dérangeant, immédiat. L'amour est décrié ici sous toutes ses coutures, s'il n'est pas donné à sa juste mesure.
Court, efficace, glaçant : Il en dit beaucoup sur les affects et sur leurs résonances. Et si l'instinct maternel était un leurre, ne serions-nous pas définitivement foudroyés ?
"C'était donc cela, le sens, la raison d'être de toute vie : si l'on était là, si l'on tolérait tant d'épreuves, si l'on faisait l'effort de continuer à respirer, si l'on acceptait tant de fadeur, c'était pour connaître l'amour."
Amour, haine, jalousie, maternité
Absence de joute verbale. Le tabou de la mère qui n'aime pas sa fille est exprimé avec justesse, discrétion et lucidité.
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