"L'envol" de Rinsai Rossetti aux Editions Albin Michel

Un récit puissant

Freneqer Paje, à peine dix-sept ans, a déjà vécu dans plein de pays. La seule constante est la main de fer de son père qui l'éduque avec une sévérité qui confine parfois à la cruauté. Un jour en se promenant en famille au souk, la jeune fille ose : elle exige de ramener chez elle un chat en piteux état. Avec cette rébellion en apparence anodine, Freneqer avance d'un pas sur le chemin de l'indépendance, sachant que chaque tentative pour s'émanciper de l'autorité de son père, sera punie. Si un combat s'engage alors entre père et fille, Freneqer se bat aussi contre elle-même : comment vouloir la liberté quand on est habituée à obéir et à être surveillée chaque minute de sa vie ?...

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Frenenquer, Paje 17 ans, se sent différente, oppressée par les diktats trop nombreux de son père. Elle s'évade bien sûr dans les livres qui sont source de réconfort, mais qui ne la libéreront pas pour autant d'elle-même. Et si c'était l'amour qui pouvait donner des ailes ?

Avec ce roman, on se confronte à la réalité de l'enfermement. On traverse à travers les émotions de la narratrice Frenenquer, son quotidien sous contrôle.

Elle dit la souffrance, l'isolement, l'épreuve consentie. Elle dit aussi la discordance entre son identité réelle et celle fantasmée par son père. Son histoire d'expatriée explique le détachement. Avec l'apparition du chat ailé, c'est la métaphore de la liberté qui se réveille, qui s'exprime. Sangris est aussi libre qu'elle est prisonnière. Leurs vols de nuit les rapprochent, mais Frenenquer ne peut se laisser aller totalement à l'abandon. On suit leur aventure avec candeur, surprise. On aime les déclarations orientales discrètes, joueuses ou enflammées.

L'écriture est belle, éprouvante, poétique. On sent la maturité et la délicatesse à travers la plume d'une très jeune auteure. On aborde l'adolescence, l'amour, la sexualité, l'affirmation de soi. On parle de passage, d'accueil, de pardon. La délivrance ne demande pas paradoxalement de tout lâcher, mais de composer entre accords à cœur et désaccords. La narratrice mène un combat éreintant et intime pour s'autoriser à vivre et à aimer.

C'est sublime, pur et affolant. Le voyage est intérieur et merveilleux pour le plus grand et important des apprentissages : OSER !

"Je suis l'enfant, le miracle de la vie, le bébé qui doit être nourri, lavé et dirigé en tout. Mais jamais il n'a pensé à moi comme à une personne dotée d'intelligence et de sensibilité. En sa présence, je n'ai aucune réalité."