"Annabelle" de Lina Bengtsdotter aux Éditions Marabout
Lina Bengtsdotter : Un polar haletant
Annabelle | Editions Marabout
En quittant Gullspång à l'âge de 14 ans, Charlie Lager s'était juré de ne plus jamais y retourner. Mais cette petite ville perdue au coeur de la Suède, où chômage et alcool ont peu à peu érodé tout espoir d'un avenir meilleur, est aujourd'hui sous le feu des projecteurs. Annabelle, 17 ans, a disparu au cours d'une fête à laquelle elle avait pourtant interdiction de participer. Cela fait quatre jours qu'elle n'a plus donné signe de vie... |
Quand on envoie Charlie Lager enquêter sur la disparition d'Annabelle dix-sept ans là où elle a grandi avec sa mère, elle s'expose à revivre des moments intimes et difficiles. Alors qu'elle s'insinue avec son équipier dans les méandres de cette affaire, elle se rapproche dangereusement de son histoire, mais aussi d'une sombre vérité...
C'est un polar rural, sombre, enfoui que nous propose l'auteur. De ceux qui ne payent pas de mine, mais qui installent un climat secret, opaque, étouffant. Dès le début du roman, on ressent qu'il ne s'agit plus que d'une simple disparition inquiétante, mais de quelque chose de plus grave, tortueux.
Pour Charlie, il faut recueillir les informations avec patience et intelligence, trier le vrai du faux, ne pas heurter les sensibilités. Tandis qu'elle s'enfonce à cœur ouvert dans cette enquête, les souvenirs de son passé remontent sporadiquement à la surface. Il y a aussi ce récit étrange, malsain entre deux jeunes filles, il y a longtemps, et que l'on distille dans un coin de notre mémoire.
L'écriture est habile, précise, concentrée. On se laisse imprégner par les sentiments qui nous assaillent plutôt que par les faits. Le roman a un pouvoir magnétique, une emprise psychologique qui l'emporte sur nos capacités à analyser, déduire, réfléchir. On est troublé par le caractère torturé de Charlie et d'Annabelle qui se ressemblent dans une lucidité qui les mettent en danger... Et si vous saviez à quel point !
Un polar froid et précipitant dont les auteurs suédois ont le mérite et le secret. Le jour où vous brisez la glace, vous êtes définitivement foutu !
"Sous la douche, elle tourna son visage vers le jet d'eau tout en se disant qu'elle devait se montrer professionnelle. Si seulement elle se montrait professionnelle, tout irait bien. Ou alors ? Elle avait fait son possible pour tout effacer et aller de l'avant. Oublier Gullspang, la maison, les fêtes, oublier Betty, son ombre et sa lumière. Parfois, il lui semblait presque y parvenir."
Premier roman, Suède, disparition, zones d'ombre.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre Commentaire